jeudi 22 novembre 2018

Voyage au pays de l'adolescence : La province du risque

Sur le fil comme un funambule : à pile ou face t'es chiche ou pas chiche ?!
Arf !! Aussitôt dis aussitôt fait... il a traversé le passage piéton les yeux fermés ! Il ne s est jamais senti aussi vivre, aussi libre, si proche de la mort pourtant si vivant !
Libre de sentir toutes ses émotions, crispantes, stressantes, vibrantes... Un shoot d'adrénaline...
Cette folie, dans l'absolue nécessité de s'initier à un rite de passage sans doute trop mal encadré par des adultes absents trop occupés à mieux... Sans doute.
Sur le fil sans harnais alors le risque se transforme en danger...
Pourtant il n y a qu'un pas entre la prise de risque strictement nécessaire et le danger absolument évitable et sans contexte le danger signifie autre chose que ce qu'il montre !
Le danger comme un produit vient combler un manque il prend la forme d un vertige, vestige d'un symptôme sans doute bien trop profond pour être exprimé différemment.
Le risque quant à lui nécessaire pour se construire et grandir, la limite est proche, la distinction pas évidente pourtant demandez leur ils vous le diront...

Jérémy


dimanche 18 novembre 2018

Ils disent la "bonne distance"

Je dis :
Un truc abstrait, un truc dont tout le monde parle mais personne ne l'a jamais vu...Un truc pas très bien défini...Un garde-fou peut être, un argument accablant, culpabilisant sans doute...Un truc qui empêche pourquoi pas ! Un truc du genre "t'es pas à la "bonne distance" là !"
La "bonne distance"...
Oxymore inapproprié pour qualifier une relation humaine composée d'un savant mélange de rencontre, de lien d'émotions... 
Ils disent : "ça  n'empêche pas ! Restons professionnel "
Je dis : Arf, elle se trouve ou cette bonne distance ? A égal "distance" entre ce que je ne m"avoue pas et ce que l'autre me renvoie ?! Autrement dis aucune chance de rencontre...
Au moment ou je perds le contrôle de la relation ? Pléonasme accepter de perdre un peu de soi pour mieux se rencontrer : l'altérité...Ça s'appelle !
Aller chiche on se dit que l'on est tous différents et que nécessairement cette différence entraîne vers l'inconnue.
Aller chiche on parle de nous à la place de se réfugier derrière les autres, derrière ceux qui mettent tout en échec, derrière les "cas-soc", derrières les "pinpins"...
La "bonne distance", miroir aux alouettes pour camoufler la peur !
La peur de toi dans l'autre, ou peut être la peut de te trouver toi autrement dans l'autre ? Alors tu te caches derrière la "bonne distance".
S'interroger sur la nature du lien offre bien plus de possible...
Boaf... mais c'est sans doute pas la "bonne distance"

Jérémy





jeudi 15 novembre 2018

«La société, mon handicap»

Face à ma feuille, armée de mon stylo,
Je cherche votre attention à travers de simple mots,
Je n'ai peut-être pas l'éloquence de Kant,
Après tout je ne suis qu'une simple étudiante.
Oui je sais, je ne vais pas changer le monde mais écoutez-moi quelques secondes.

Je sors de mon silence,
Pour exprimer ma souffrance.
Je n'ai pas les mots pour exprimer la puissance de mon impuissance.
La société me pèse,
Que les hypocrites se taisent !
Ils prônent la tolérance,
mais bannissent la différence.

A la vue d'une déficience,
Ils ne cachent pas leur méfiance
Alors la vie n'a donc aucun sens ?
Mais qui êtes vous pour remettre en question leur existence ?

A la vue d'un handicapé,
Tout le monde avance les yeux bandés.
Ignorant les appels au secours,
Tous deviennent sourds.

Alors que comme tout être vivant,
Il nécessite qu'on lui accorde un peu de temps.
Il n'est qu'aux yeux de tous inexistant,
C'est ce qui le fait se sentir différent.

Et si un jour certains croisent son regard,
Ce n'est que pour lui rappeler qu'il n'est qu'une bête de foire,
Qu'il est bizarre.
Il se trouve seul contre tous, quelque chose l'empêche d'avancer,
Son réel handicap : la société inadaptée.

Alors que tous les regards sont braqués sur lui,
Divers sentiments s'entremêlent, la peur, la pitié.
Soudain effacés d'un revers de main.
Une main venant guider son chemin

Leslie

jeudi 8 novembre 2018

La première rencontre

De toi à moi...
Notre première rencontre sera dans la rue, obligée pour toi car placé, déplacé, replacé...en institution car pas tout à fait comme il faudrait...
Derrière un bureau, les barreaux, en binôme, seul.
Après un coup de file, par hasard, pour un entretien d'admission.
Toi tu seras un adulte, un enfant, un adolescent, une femme, un homme, un trans...
De toi à moi et de moi à toi,
La première rencontre moment si particulier, conditionnée par l'impossible ambition de se voir éduquer...
Moment emprunt de domination, de représentations, de toi contre moi, de moi par rapport à toi... De pas envie pour toi, d'espoir de trop d'espoir aussi, parfois, de :
"Tu vas m'éduquer toi ?"...
"Non... enfin...j'sais pas t'en penses quoi toi ? Si on s'éduquait ensemble ?"
De toi à moi et de moi à toi,
Peut-être qu'on sera toi comme moi des acteurs de ce moment si particulier et que ni toi ni moi ne bougerons de notre rôle...Normal pour toi, facile pour moi je n'aurais qu'à dire que tu es trop...ou pas assez...qu'on est pas en capacité de t'accueillir...
Peu de chance d'une rencontre.
Mais de plus prêt je pense que...
De toi à moi,
Tu as l'air terrorisé, stressé, inquiet, je te dérange, tu souffles, tu souffles un grand coup, tu souffres sans doute..
Il s'en passe des choses chez toi...
De moi à toi,
Moi aussi, j'ai peur parfois, tu m'intriques, j'ai de la peine, tu me touches, je te comprends pas parfois aussi, tu me fatigues déjà, je suis content, on m'a beaucoup parlé de toi... Quoi qu'il en soit pour toi, à  moi d'être au clair avec...moi, parce que je te dois ça.
De moi vers vous
"Professionnel de la relation", ne sous-entend pas hygiéniste des émotions...A quoi bon faire une rencontre sans émotion...

Jérémy



lundi 5 novembre 2018

Vous savez, moi je suis… en partance.

En partance, ça veut dire ce temps d’avant le moment du départ. Celui de l’impulsion. Pas encore le pas en avant…
Je sais d’où je pars, mais pas encore tout à fait où je vais. On verra. Et « on verra » c’est déjà une
respiration. Celle de la fenêtre qu’on ouvre en grand, pour chasser l’air vicié et faire entrer la lumière !
Je sais d’où je pars.
Mais je sais aussi d’où je viens. Travail social. Social souvent aisé, social un peu bobo, mais social quand même. Relationnel. Social de palabres. Treize années en crèche parentale, à partager le monde et en présenter des morceaux à des tout-petits et à le refaire avec leurs parents, ou vice versa… Du « pas facile au début », le temps de faire sa place, de savoir se dire et se vivre comme professionnelle. Professionnelle engagée, bousculée et bousculante, plus vivante, que délibérément savante. Surtout. Revendiquée. Et du bonheur plein les journées, plein le travail, au point de presque oublier la vie à côté. Parce que la vie était là, plus forte qu’ailleurs. Dans ses batailles et ses joies. Pas le monde aseptisé, normé, hyper sécurisé, rythmé, contrôlé, évalué, formaté qu’on ré-impose hélas trop souvent aujourd’hui aux professionnels, aux enfants, dans nos institutions. On ne tire donc jamais de leçons de l’Histoire ?
Puis après le passage initiatique à l’Université, seize, bientôt dix-sept ans dans la formation des professionnels. Formatrice, Développeuse, Coordinatrice, Directrice. Années de militantisme, d’engagements et de partages. Formatrice. La joie d’accompagner, de découvrir, de transmettre, de voir naître. Développeuse. Je n’étais pas très bonne à ce jeu-là, j’ai jamais bien su conseiller et vendre. Coordinatrice. La petite cuisine, le cul entre deux chaises, le pouvoir sans le pouvoir, le bricolage, les projets et la confiance à construire, gratifiante. Directrice. Le pouvoir sans le vouloir, la responsabilité, la charge, gratifiante et gratifiée quand même aussi parfois. Jamais facile. Pas toujours à la « bonne place » diront certains ? Les jaloux, les incertains, les contradictoires. Mais quelle place ? L’attendue, l’enviée, la rassurante, la solitaire, la honnie, la coupable, l’imprécise, la distante. Alors plutôt fière de n’avoir pas été toujours à la « bonne place » si la « bonne » était trop attendue, trop étroite et trop figée. Y’a plein de façons d’être Directrice m’a dit une collègue un jour où je doutais. Y’en aura eu plein, des jours de doutes. Et moi je crois que le doute a fait de moi une Directrice suffisamment bonne. Et tant pis s’il y en a pour le regretter.
Je sais d’où je pars. D’où je veux partir.
Simplification. Qui veut dire complexification. Evaluation. Qui veut dire distanciation. Libéralisation. Qui veut dire déqualification. Universitarisation qui veut dire disparition. Enfin je le crains. Et je ne sais plus comment lutter. Tous ces mots en « tion » ont fini par avoir raison de cette passion (« pas-tion » hé hé) qui m’animait. Grosse fatigue. Pas l’énergie de me battre encore. Trop vieille. Je laisse la place aux jeunes et j’en ai rencontré quelques-uns (suis pas désespérée non plus) qui auront l’énergie de la résistance. Moi suis trop « has been » sans doute dans un monde que je ne comprends plus très bien et où on me parle plus que de « process », de « foad », de « focus » (j’entends chaque fois « faux cul »), de « one to one », de « Save the date ». L’évolution de ce monde-là me ronge les ailes et le courage. Ma passion j’ai envie de la mettre ailleurs. Parce j’ai la chance d’avoir un ailleurs – artistique - passionnant, créatif, libérateur, qui va me faire renouer peut-être, je l’espère avec le social de mes débuts : celui de la créativité, de la rencontre, du partage, du cœur à cœur, de l’émotion (oups). Moins riche et plus riche en même temps pour renouer avec le désir et mes valeurs profondes. Et qui sait… ? je vais peut-être me retrouver accessoirement travailleuse sociale dans l’animation d’ateliers en EPHAD. On ne renie donc jamais ses amours de jeunesse ? j’espère bien !

Véronique

jeudi 1 novembre 2018

J'suis instit...

J’suis instit’. Le plus beau métier du monde: tu commences à 8h30, tu finis à 16h30, les récrés durent une demi-heure, t’es en vacances tout le temps… Le pied intégral quoi !!… Enfin c’est ce qu’on me dit.
J’suis instit’. J’suis là (officiellement) pour préparer les enfants à évoluer dans la société… qu’ils ne doivent pas changer. J’suis là (plus officieusement) pour les préparer à rentrer dans les cases (… qu’ils n’ont pas choisies) que cette même société leur a préparée
s d’emblée (avec une légère latitude quand même… faut pas que ça se voit trop !). J’dois taper sur les têtes qui dépassent (comme un condé) plutôt que de leur apprendre à faire dépasser leur tête, leur donner les outils pour choisir (ou pas), tout du moins, se rendre compte de ce qui se joue autour d’eux.
J’suis instit’. Tu sais le tampon de ce pays entre les parents (électeurs à satisfaire) et les élites dirigeantes. Plutôt que de collaborer ou (si le mot te fait peur) de coopérer pour aboutir à quelque chose de cohérent, de faire interpénétrer la vie de l’enfant, l’éducation, l’instruction, la socialisation (le dialogue, en somme!) aussi bien à la maison qu’à l’école et en haut de la pyramide, on préfère te dire que le manque de mixité sociale, l’exclusion sociale, la crise du sentiment d’appartenance nationale (faux problème qui plus est)… bref et bah t’inquiète quéquette l ‘école va mener l’enquête.
Eh toi la haut ! Tu veux pas te bouger !!
Mais aussi toi à côté, de l’autre côté… en bas même !! Tu veux pas te bouger.
Et le plus important toi l’instit’, arrête de te regarder le nombril.

Mehdi.