Je sais
ce que je veux faire dans la vie depuis mes 13ans.
Le choix
de mon bac, de mes options, l’année
sabbatique prise pour l'expérience et vieillir un peu avant
de passer les concours, ces
fameux concours !
Trois ans de
formation, quinze mois de stage, des dossiers à n’en plus finir, un mémoire...
Putain de
réforme, je validerai le dernier DC l’année prochaine.
Je vais
enfin pouvoir commencer à bosser, je postule un peu, pas trop, la "prév",
seulement la "prév".
Quelques
semaines de vacances quand même, on ne sait jamais si les prochaines tardent à
venir, au moins je commencerai en pleine forme.
Et puis
c’est parti :
Septembre
2011 : CDI je rencontre des collègues, des motivés, d’autres moins, des
vieux de la vieille, d’autres moins, des cons, d’autres moins...
J’ai
envie de changer le monde, de vivre le quartier de donner le maximum pour voir
les jeunes avancer, se trouver, se construire.
Au début
la motivation est tellement forte que les petits obstacles, les murs et les
nids de poule je ne les voit pas, je les saute en fermant les yeux :
« Des
séjours de quatre jours uniquement ? c’est toujours ça et c’est mieux que rien ».
« Tout
le monde ne veut pas décaler ses horaires en été ou faire des soirées ?
ce n'est pas grave nous on le fera ».
« Les
sans pap de la place ne font pas parti de notre public ? c’est pas un
soucis on les accueillera discrètement ».
Avec le
temps les embuches se sont accentuées, les murs ont grandis eux aussi, et la
motivation vas en dent de scie.
Les
questionnements ne trouvent pas de réponse.
Les rendus
compte n’ont plus de sens.
Les
valeurs de l’association se perdent, ou plutôt on ne les retrouve pas, ces
valeurs.
Mais au fait quelles valeurs ?
C’est
peut être ça le problème, les valeurs, parce que j’en ai moi des valeurs, j’en
déborde même...
Mais eux ?
ceux qui nous financent ? ceux qui nous valident ? ceux qui nous
cadrent ? elles sont où leur putain de valeurs ?
Il leur
suffit de protéger quelques emplois à tout prix ? D’accepter de tout céder sous
prétexte de continuer à exister ?
Le fond
du problème personne n’en parle, les jeunes, ces êtres humains (Oui, oui ! ils sont
humains tout comme eux, tout comme nous).
Ca
démotive tout ça, ça pousse même à lâcher quelques unes de mes valeurs en
route, juste parce que ça deviens trop dure de les tirer encore et encore, avec
les obstacles, les murs et les nids de poule…
Le
problème c’est qu’en les lâchant, je perds un peu de moi, de l’"éduc" que j’étais
il y a six ans, celle qui fonçait tête baissée, celle qui ne comptait pas ses
heures, celle qui était convaincue par son "taff" et qui y croyait dure comme
fer. L’autre problème en les lâchant ces valeurs, c’est que tout est un peu plus
compliqué maintenant, le sens plus difficile à trouver.
Alors
oui, je sais ce que je veux faire dans la vie depuis que j’ai 13ans, mais je ne
sais pas combien de temps je tiendrai encore.
Léa