jeudi 3 octobre 2019

A moi, mon corps !

Tatoué de la tête aux pieds...vert, violet, rouge...
Tantôt raté, tantôt précis...tantôt carapace, tantôt accès direct au plus intime...
Tantôt se réapproprier ce corps, tantôt vouloir ce le cacher...
Lui il bouge, s'agace, coupe la parole, s'interpose : "moi j'ai 37 ans, j'en ai vu" il le dit, son corps le hurle... Ses tatouages en sont la preuve.
Son allure, pas franchement fière mais une appétence à être là,
à montrer ce corps comme une diversion, comme pour dire : "moi vous me toucherez pas, vous m'approcherez pas..." Ou alors faudra passer à travers toute cette armure, faudra contourner ces tatouages...
Le torse bombé inutile de lui dire de se poser, il bouge, revient, repart...
Une légère odeur d'alcool...Pour s'apaiser ? S’exciter ? Peut-être les deux...
Fixer le regard lui fait bien trop mal... Sauf pour s'embrouiller...Comment ça pourrait être autrement ? Le regard de l'autre comme le reflet de sa propre image... Il semble tellement la redouter.
Et puis, dans tout ça les tatouages commencent progressivement à se former...des larmes qui coulent des yeux...des tribales de toutes les couleurs...des tatouages de "taulards"...
Et puis, celui-là, ce tatouage gratter méticuleusement juste à l'aide de son doigt et jusqu'au sang...
Ce tatouage gratter mille fois, qui n'a plus le temps de cicatriser tellement la pulsion est présente...
Ce geste comme une scarification, veine tentative d'un retour à la réalité en essayant de se réapproprier ce corps.
Ce geste paradoxal...gratter méticuleusement l'objet de son armure...
Ce geste comme pour inciter à parler de ce corps afin d'apaiser l'âme...

Jérémy