jeudi 14 février 2019

Un morceau de shit..comme passeport pour ailleurs !

Il est là posté, limite prostré. Son regard perdu dans une impossible projection. Son postérieur posé sur le banc du quai...RER C.
Un morceau de shit caché dans la chaussette, comme passeport pour ailleurs.
Le temps est morose, la neige de la veille laisse place à la grisaille du jour, grisaille extérieure semblable à sa misère intérieure.
Caler entre sa capuche et ses écouteurs comme intouchable, impénétrable...
Un soleil coincé entre deux nuages... Seuls ses rayons sont visibles, si tentés qu'on prenne le temps de les observer...
Alors il sort une clope qu'il prend soin de caler derrière son oreille, une feuille qu'il fait en sorte de bien lisser, puis il prend son shit et son briquet.
Ses deux mains s’élancent dans un balai aux odeurs exotiques.
D'une main son ceaumor, de l'autre son briquet il commence à effriter...
Les premiers effluves, comme la promesse d'un voyage en préparation...
Il est 8h20 c'est en réalité, le deuxième de la journée, impossible de se lever sans un premier pétard, ou la fin d'un dernier cul de joint de la veille... Du coup, il le dose gentiment juste ce qu'il faut...
Non pas qu'ils craignent les effets, ça fait un moment qu'il a l'impression de ne plus rien sentir, juste par principe c'est ainsi.
Puis il pose délicatement mais machinalement ses boulettes au creux de sa main,
Ensuite, il ôte sa clope de son oreille, humidifie de ce qu'il faut le papier pour pouvoir proprement sortir le tabac et mélanger le tabac à son shit.
Il sort sa feuille lissée mais suffisamment incurvée pour y poser délicatement le matos.
Au millimètre dans une précision d'horloger tout est minutieux...
Ces premiers gestes comme un espoir d'un ailleurs meilleurs présent immédiatement... Ici là au milieu de nul part, au bout du quai du RER C.
Il place un toncar avec un vieux ticket de métro qui lui traîne dans la poche... Il commence alors à rouler le tout, puis former un cône qu'il joint et colle à l'aide de sa salive...
Il prend le temps de tasser... Sur son genou...Jette sa queue de souris...
Puis, puis... Avec son briquet se langui d'une première taffe...
Malgrés la promesse du plaisir, les sourcils sont froncés, le teint est pâle, le visage est triste...
L'espoir s'incarne à travers l'idée de ces premières taffes...
Arf face à sa grisaille, bien avisé celui qui aurait fait différemment.
La flamme de son briquet, l'illusion de pouvoir chasser cette morosité intérieur.

Jérémy