mercredi 7 février 2018

Visage


Une vie qui n'a d'âge que par l'interface de ce visage.

Ce visage maculé de rides,
Ces rides qui témoignent d'une vie d'un autre âge, loin d'une vie sage.
Ces rides aussi profondes que l'éternité d'une vie sans fond...
Ces rides terrains accidentées d'une vie aux multiples visages.
Ces rides au confluent d'une vie enchaînée au rêve d'être simplement libre.
Les coups durs, l’enfermement interne, la folie "clochard céleste".

Ce visage aux yeux verts,
Ces yeux verts comme des rubis à moitié fermés par le froid qui cisaille.
Ces  yeux verts engloutis dans un visage boursouflé et soutenu par deux valoches de taille.
Ces yeux verts qui ont vu l’inacceptable mais qui ont gardé cette lueur de compassion.
Ces yeux verts qui ont pris le temps de regarder le bourgeonnement des premières fleurs du printemps avec passion.
Ces yeux verts taillés à la serpe, aiguisés et méfiants.
Ces yeux verts qui ont percé, percé l'Humanité dans ce qu'elle a de plus intime.
Ces yeux verts qui n'ont de larmes que devant la beauté d'un coucher de soleil.
Le désespoir de cette situation impensable et la folie de n'accepter rien d'autre que d'être libre..

Ce visage qui porte ce nez,
Ce nez rouge, coulant par habitude...
Ce nez qui a senti, senti la misère, senti le rance, la pisse...
Ce nez qui a senti le parfum de la rosée du matin au détour d'une nuit passée à rêver les yeux vert ouvert.
Ce nez qui a senti les embruns de cette vague de liberté.

Ce visage qui tient cette bouche,
Cette bouche, qui aujourd'hui palabre des phrases sans sens,
Cette bouche ridée, tirée, gercée...
Cette bouche qui jadis entraînait la parole avec éloquence,
Cette bouche dont la poésie rime avec esprit libre.

Ce visage tenu par des mains,
Des mains épaissies par le froid et l'alcool,
Des mains qui n'ont plus de prise sur ce monde.
Des mains qui ont caressé du bout des doigts cette colombe blanche insaisissable.

Jérémy



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