lundi 30 mars 2020

Aujourd'hui, j'ai eu peur...

J'ai eu peur aujourd'hui,
Peur de ce virus sans doute,
Mais peur d'une attestation que je dois remplir pour me déplacer.
Peur d'un magasin qui oblige ses clients à porter un masque ou un foulard...
Peur des discours qui m'expliquent que : "l'Etat dit que les masques ne sont pas obligatoires sous prétexte qu'ils n'en n'ont pas assez pour tous ! ".
J'ai peur des croyances qui se développent, des fake-news, des irresponsables...
Peur des théories du complot qui s'installent dans mon village et qui laissent à penser que "les médecins ne valent pas mieux que l'Etat, il faut s'en méfier et il faut se méfier de tout...".
Peur de mon énervement dans un moment comme ça...
Peur du fait que la simple présence d'être n’engendre méfiance, peur et replie...
Peur du lendemain lorsque nous, nous réveillerons de tout cela...
Peur de devoir faire comme si il ne s'était rien passé...

Jérémy

Faire comme si...

Volontaire, volontiers pour prêter main forte pendant une semaine dans un  foyer ou cinquante jeunes sont confinés...
De la prév au foyer un cap...Alors d'un pas...pas bien (r)assuré...les portes s'ouvrent pour 4 jours d'un 12h-22h qui s'annonce...
D'abord pour accueil, des remerciements, d'un directeur sur le balcon de son bureau, costard cravate, kit main libre à l'oreille... sans doute débordé...
D'une cheffe de service qui par principe fait son devoir : "Vous serez avec les 12-15 ans, ils sont neufs. Surtout n'hésitez pas à les occuper. "
Enfin des remerciements d'une éducatrice qui connaît le groupe mais qui n'y est plus depuis un certain temps...Qui semble épuisée mais qui ne lâchera rien.
Des remerciements...
Mais surtout des remerciements parce que...sur 6 éducateurs de l'équipe, les 6 sont absents.
Des remerciements parce que faire comme si ce n'est pas si évident :
Des mots qui résonnent : "Si vous avez des activités n'hésitez pas...occupez les." Sans déconner...
L'activité comme anesthésiant... L'activité pour faire comme si...
Quand rien n'a été posé institutionnellement pour les jeunes, quand rien n'a été discuté avec les éducateurs...il reste les remerciements d'être là, à tout prix...
Des remerciements comme une prière, personne ne le dit mais tous prient fort : "pourvu que ça passe".
Alors surtout ne rien changer faire comme si...
Maintenir les mêmes règles, les mêmes horaires : lever, repas, coucher... Même si à chaque fin de service un nouvel éducateur, intérimaire, volontaire (personne...) arrive sans que quiconque ne sache réellement combien de temps il restera  ?
Alors ironie du sort les intérimaires défilent à croire que plusieurs ont été contactés et que le premier arrivé sera le premier servi...
Mieux vaut être sur que quelqu'un soit présent...
Pendant ce temps là les jeunes demandent qui fera le coucher... Ils veulent savoir, ils ont besoin d'être rassurés...Et, toi tu fais...comme tu peux...
Alors faire comme si...
Et faire en sortes que les jeunes préviennent quand ils changent d'unité... Pourtant pas évident quand les p'tits frères et les p'tites soeurs sont dans les murs d'à côté, quand la Playstation est à l'autre bout du bâtiment, quand l'envie d'aller draguer pointe fort le bon de son...nez, quand l’éducateur d'à côté est plus stable que l'ensemble des éducateurs présent sur leur unité.
Puis s'avouer en "off" qu'en fait ils font ce qu'ils veulent...Et qu'on les comprend...
Alors faire comme si.... même quand l’extérieur entre à l’intérieur masqué, ganté alors qu'aucun masque n'a été fourni pour les structures.
Faire comme si...
En faisant les devoirs avec deux ordinateurs pour 9 et une connexion pourrie...
Et puis mettre deux jeunes par table pour respecter les gestes barrières : COVID oblige...Absurde quand deux minutes plus tard ils sont côte à côte dans le canapé entrain de regarder un film...
Faire comme si...
Même quand un jeune se fracasse la main contre un mur suite à une bagarre et que la cheffe de service demande à l'éducateur volontaire fraîchement arrivée d'accompagner le jeune aux urgences... Laissant sur le groupe un seul professionnel présent depuis 2 jours faire la soirée, le coucher...
Faire comme si...
Même quand au bout de 4 jours sur l'unité tu as l'impression d'être un ancien et que ces gamins même s'ils t'ont fait la misère tu t'es attaché...


Jérémy









dimanche 1 mars 2020

La fabrique des incasables...

D'abord haut comme trois pommes, le rang comme mot d'ordre et le doigt lever,
Les fesses visées sur une chaise...Le temps s'égraine au rythme d'une journée qui ne cesse de se répéter et qui n'en fini plus, laissant de côté les saisons, la musique et le jeu...
D'une journée au rythme des acquis, des compétences et des notes...La barre est haute.
Seuls les résultats comptent...
Sur le bord du chemin, à l'abandon restera l'initiative, la différence, la timidité, l'énergie...
Alors d'une case qualifiée de "normale", les hypers-actifs, introvertis, précoces, dyslexiques, dysphasique, dysfonctionnnelle...verront le jour.
Casés, étiquetés pour une meilleure prise en charge, d'une charge appelée différence et qui coûte a tous...Parce que pas banal...   
Alors le temps d'une récrée, d'un désir d'hurler, de crier, de s'échapper...Tout paraît possible...Dans une cacophonie qui trouvera sa justification dans la nécessité de devoir se défouler...
Comme une ironie.

Jérémy